11 janvier 2024 | Paris

Face au défi démographique du XXIème siècle… faisons mieux !

La transition démographique, c’est maintenant : en France, pour la première fois dans l’Histoire les plus de 65 ans sont plus nombreux que les moins de 20 ans. Plus qu’un phénomène démographique, c’est un défi global qui nécessite d’adapter la société aux besoins des seniors pour leur permettre de bien vieillir dans le lieu qu’ils souhaitent.

Certes, la ministre des Solidarités, Aurore Bergé, a annoncé une mission pour « structurer l’écosystème du bien-vieillir», un travail autour des métiers du secteur ainsi qu’une négociation entre l’État et les fédérations d’employeurs pour recruter des professionnels en Ehpad à l’horizon 2030. Mais, ces « annonces d’annonces », sans objectifs ni financement, ne forment pas encore une stratégie tangible pour adapter la société au Bien Vieillir.

Certes, la « loi Bien Vieillir » devrait permettre de mieux signaler les maltraitances dans les Ehpad – oubliant au passage que la majorité d’entre elles se déroulent en ville ou à domicile – et comporte quelques mesures sur l’habitat inclusif et le travail des aides à domicile. Mais, outre le fait qu’elle n’a pas encore adoptée par le Parlement, ses dispositions relèvent plus d’une mosaïque de petites mesures que d’une véritable stratégie pour adapter la société au Bien Vieillir. Et elle réduit, encore, l’autonomie des Départements. De même, si Aurore Bergé a ensuite annoncé une loi de programmation pluriannuelle pour le grand âge, son contenu et ses moyens financiers sont inconnus, et, dès lors, ne proposent pas davantage une vision pour adapter la société au Bien Vieillir.

Certes, enfin, Ma Prime Adapt’ permettra, à partir du 1er janvier 2024, d’adapter 68 000 logements par an au vieillissement. Mais, elle ne permettra pas de couvrir les besoins des deux millions de ménages prioritaires et, en étant limitée au seul logement, elle n’est qu’une brique de la stratégie pour adapter la société au Bien Vieillir.

Les pouvoirs publics avancent à petits pas, mais il faut faire mieux et voir plus grand !

Changeons d’abord de regard sur l’âge. Cela nécessite d’inscrire l’implication des seniors dans le développement local et d’enclencher une politique volontariste pour leur maintien dans l’emploi. Cela nécessite, surtout, d’affirmer que les seniors ont une expérience, des savoirs et une culture qu’il est indispensable de transmettre, car c’est une opportunité économique, grâce notamment à la formation des plus jeunes, et un vecteur de cohésion sociale.

Ne limitons pas la transition démographique à l’adaptation du logement. Les Français souhaitent bien vieillir, en bonne santé, chez eux, avec des revenus décents et en conservant des liens sociaux. De la santé au patrimoine, en passant par le bien-être, les loisirs et la sécurité, c’est l’ensemble du quotidien qui doit être repensé, en prenant en compte la dimension climatique.

Mettons en pratique les politiques de longévité, non pas pour les seniors mais avec eux. Selon « Les petits frères des pauvres », 532 000 personnes de plus de 60 ans ne voient jamais ni leurs amis, ni leur famille : ce chiffre ne doit ne pas laisser indifférent ! Le Bien Vieillir ne pourra se faire par la création de nouvelles aides dont l’accès est aussi difficile que leur compréhension est délicate. Il faut en réalité aller chercher les séniors, les associer à la décision et les accompagner de manière personnalisée dans une logique de proximité.

Repensons aussi les politiques de la longévité autour de la prévention. Si la société traite de manière égale une personne de 70 ans et une de 85 ans, la vieillesse n’est ni uniforme ni linéaire. Il y a en réalité, dans la vie des personnes, un événement de rupture qui altère leur autonomie et leur santé. La prévention, loin d’être un coût, est un investissement afin de repousser le plus tard possible cette rupture.

Amorçons enfin le virage de la prédiction. Face au nombre – plus de 14 millions de seniors, le numérique et l’intelligence artificielle, contribueront, grâce à l’analyse de milliards de données, à une meilleure identification des publics prioritaires, à une anticipation des besoins des populations et à une personnalisation des solutions qui leur seront apportées. Ces outils peuvent permettre de basculer de la prévention à la prédiction et transformer ce parcours du combattant qu’est le bien vieillir en un chemin plus équilibré.

C’est ainsi que nous inventerons un futur désirable, pour les séniors actuels comme ceux que nous serons !

Alexandre Petit, Président ALOGIA Groupe

Serge Guérin, sociologue

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