Observatoire ERGOCALL | ÉDITION n°2 | MAI 2020

LE CONFINEMENT DES SENIORS À DOMICILE, UNE BOMBE À RETARDEMENT POUR LE SYSTÈME SANITAIRE ?

Après avoir révélé que près d’un senior sur deux vivant à domicile n’avait reçu aucune visite pendant la période de confinement (41%), la 2ème édition de l’Observatoire ERGOCALL, réalisé auprès de 3 000 personnes âgées de 65 ans et plus, met en lumière un arrêt brutal de leur suivi médical.

65% des personnes âgées à domicile n’ont consulté aucun médecin depuis le début du confinement alors que 69% ont des difficultés physiques et/ou des troubles psychologiques. Si la téléconsultation a largement été plébiscitée par les professionnels de santé, elle n’est malheureusement pas adaptée à cette population peu connectée et équipée.

Véritable bombe à retardement, il est urgent d’accompagner les seniors vivant à domicile vers un retour progressif à la vie normale. Il faut les rassurer et leur fournir toutes les protections nécessaires afin qu’ils reprennent leur suivi médical en toute sécurité. L’impact peut être de taille sur le système de santé qui risque d’être massivement sollicité par des personnes dont l’état général est aggravé et nécessitant de multiples actes médicaux et d’imagerie.

À titre d’exemple, Yann Bubien, Directeur Général du CHU de Bordeaux, explique : « Afin d’anticiper les complications pour les patients âgés et porteurs de maladies chroniques le CHU de Bordeaux a initié  plusieurs actions : un accès facilité à la téléconsultation ; Un suivi numérique des patients symptomatiques en lien avec le médecin traitant ; Un dispositif de dépistage au sein des EHPAD par des équipes mobiles hospitalières ; Un plan de reprise d’activité ciblé sur ces patients avec un renforcement des mesures de sécurité au sein des unités de soins et de consultations. »

LA MAJORITÉ DES SENIORS A BESOIN D’UN SUIVI MÉDICAL RÉGULIER

Selon l’Observatoire ERGOCALL, 69% des seniors vivant à leur domicile ont des difficultés physiques et/ou des troubles psychologiques. Pour 47% d’entre eux cela nécessite une prise en charge médicale mais également des aides techniques et/ou des aménagements adaptés liés à leurs problématiques de santé (63% des seniors interrogés).

LE CONFINEMENT A ENTRAINÉ UNE VAGUE D’ANNULATIONS DES RENDEZ-VOUS MÉDICAUX

La crise sanitaire a poussé 63% des personnes âgées à annuler leurs rendez-vous médicaux, notamment par peur d’attraper le COVID-19 (1/4 des seniors sondés). Conséquence directe, 66% des seniors n’ont consulté aucun médecin depuis le début du confinement. S’ils ont mis en stand-by leur suivi, leurs pathologies, elles, ne se sont pas mises en pause pendant le confinement et continuent d’évoluer.

« En tant que professionnel de santé et spécialiste des maladies cardiovasculaires, cette rupture de prise en charge des patients et de leurs parcours de soins vient confirmer la nette augmentation des complications cardiaques au mois d’avril. Nous avons opéré plus de complications post infarctus en 4 semaines que sur une année entière. Il est fondamental pour limiter les effets de cette bombe à retardement de rassurer tous nos patients en leur proposant des solutions d’accompagnement de leurs pathologies dans la période de déconfinement », indique le Professeur Stéphane Lafitte, cardiologue au CHU de Bordeaux et fondateur de l’association « Guztiak Bizi Vivre Ensemble » à destination des seniors.

LA TÉLÉCONSULTATION N’A PAS ÉTÉ LA SOLUTION ATTENDUE POUR LES SENIORS

Si la téléconsultation a été fortement développée et plébiscitée par les professionnels de santé pendant la période de confinement, elle n’a pas été une solution viable pour fournir un suivi médical de qualité aux personnes âgées qui restent les sujets les plus à risques médicalement parlant. Parmi les seniors ayant consulté un médecin, seulement 6% ont bénéficié d’une téléconsultation. La facture numérique constitue le principal frein : 50% des seniors n’ont pas internet et 39% ne possèdent ni tablette, ni smartphone, ni ordinateur.

Pour le Professeur Olivier Guerin, chef du pôle de gérontologie, responsable du service gériatrie et thérapeutique au CHU de Nice et président de la société française de gériatrie : « Notre système de santé a dû faire face à la plus violente crise qu’il ait connu depuis la fin de la 2nde guerre mondiale. Le confinement qu’il a provoqué, nécessaire, a induit un risque majoré pour les seniors de rupture de suivi des pathologies chroniques par la désorganisation de l’offre de soins en ville comme à l’hôpital. Il est nécessaire de rétablir au plus vite des parcours de soins optimaux, pour ne pas rajouter à la crise une autre crise, plus sournoise, mais potentiellement encore plus mortelle ! »                                                                                                                             

« Ces constats démontrent qu’il est nécessaire d’agir et vite alors que nous ne connaissons pas l’évolution du virus : la télémédecine doit être une solution à court terme. Il est important de redoubler d’efforts dans les innovations et de réduire massivement la fracture numérique des seniors dans le contexte actuel », alerte Sandra Mirailh, Directrice de projet innovation sociale chez Action Logement.

« À l’hôpital, par sécurité, nous avons annulé les consultations médicales non urgentes et la plupart des patients ont annulé également eux-mêmes leurs rendez-vous. Un suivi médical à distance a été organisé. En pratique, nous avons dû faire face aux limites de la médecine à distance : difficulté de mise en place et manque de données élémentaires (tension artérielle, fréquence cardiaque, etc.). De plus cette prise en charge représente un véritable défi pour une personne âgée isolée, confrontée souvent à une baisse d’audition, un ralentissement cognitif et pour la majorité une méconnaissance de l’utilisation des nouvelles technologies de communication et même une absence d’équipements en outils numériques. Il en résulte directement une aggravation des comorbidités, et notamment chez les patients âgés douloureux chroniques, une aggravation des symptômes en rapport avec la perte d’autonomie et leurs graves conséquences : automédication, chutes… Encore plus inquiétant la peur d’accéder à une structure hospitalière, même lorsque cela est nécessaire, s’est traduite par une nette et inquiétante réduction de l’activité pour les pathologies graves non COVID et notamment aux urgences ou par exemple les AVC ont diminué de moitié ! » précise le Docteur Jean-Marie Amodeo, praticien hospitalier, algologue et urgentiste.

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